3 août 2016

[François Miclo - tak.fr] L’autre désespoir de sainte Rita

SOURCE - François Miclo - tak.fr - 3 août 2016

Qui a demandé l’expulsion de l’église Sainte-Rita de Paris ? Une association, dont le nom est un crachat au visage de l’Eglise catholique, apostolique et romaine.

Voilà une image qui nous glace le sang : le lendemain des funérailles du père Hamel, la force publique est requise pour évacuer une église vouée aux bulldozers.

Depuis le mois d’octobre 2015, l’église Sainte-Rita était occupée par l’abbé de Tanoüarn, haute figure des traditionalistes français et cofondateur de l’Institut du Bon-Pasteur. Ce matin, le brave abbé y a célébré la messe à six heures. C’était sa façon très pacifique de protester contre les pandores venus évacuer assez virilement le squat des tradis parisiens. Personne ne peut jeter la pierre à l’abbé de Tanoüarn, surtout pas ceux qui soutiennent aujourd’hui d’autres ZAD(1), mais qui, ici, trouvent juste de frapper sur la tête d’un prêtre pour l’unique raison qu’il célèbre la messe en latin…
Qui a demandé l’expulsion de Sainte-Rita ?

Il n’empêche qu’on peut bien avoir toute la sympathie du monde pour Monsieur de Tanoüarn(2), il est un moment où il faut rendre à Dieu ce qui lui revient et à César ce qui lui appartient. On appelle ça le droit.

Une seule question se pose. Qui a demandé à la force publique de procéder à l’expulsion des actuels occupants de l’église Sainte-Rita ?

Est-ce la Ville de Paris. Non. Est-ce le gouvernement ? Non plus. Est-ce le préfet de police ? Pas davantage. Les forces de l’ordre ont agi, ce matin, en vertu de plusieurs décisions de justice.

La première est rendue le 6 janvier 2016 par le président du tribunal de grande instance de Paris, qui « prescrit l’expulsion immédiate de tous occupants sans droit ni titre de l’immeuble et du terrain situés 27 rue François-Bonvin à Paris ».

La deuxième décision est rendue le 27 mai 2016, par le juge des référés du tribunal administratif de Paris qui « enjoint au préfet de police d’apporter le concours de la force publique pour l’expulsion de tout occupant sans droit ni titre ».

Or, le 6 juin 2016, une troisième décision, suite à une requête en tierce opposition, vient cependant annuler la deuxième. Mais cette annulation se voit elle-même annulée par une ordonnance du conseil d’Etat le 5 juillet 2016 (notre document).

Ce matin, c’est bien en exécution de l’ordonnance du 27 mai 2016 que la force publique a évacué les squatteurs de l’église Sainte-Rita.

Seulement, la machine judiciaire se met rarement en branle elle-même. Il faut que quelqu’un appuie sur le bouton pour engager les procédures. Et, pour des procédures aussi complexes, il faut qu’un requérant maintienne son doigt longtemps sur le bouton.
Sainte-Rita : les seuls responsables
Qui donc a saisi la justice pour faire évacuer les occupants de l’église Sainte-Rita ? Nul autre que le propriétaire des lieux : « l’association des chapelles catholiques et apostoliques ». Dans son ordonnance du 5 juillet, le juge des référés du Conseil d’Etat nous apprend que cette association belge « a prévu de construire », en lieu et place de l’église Sainte-Rita, « un ensemble de logements, dont la réalisation a été confiée à la société Garibaldi ».

Qu’est-ce que cette « association des chapelles catholiques et apostoliques » ? Selon les informations dont nous disposons, elle n’a absolument rien à voir avec l’Eglise catholique.

Elle a longtemps fait ses petites affaires avec les anglicans, avant de se diversifier dans le « gallicanisme ». C’est elle qui avait confié, en 1987, l’église Sainte-Rita à Dominique Philippe, prétendu « archevêque gallican catholique » de Paris. Un drôle de paroissien, qui avait empoché 150.000 euros en 2015 pour ne pas intenter de recours contre la destruction de l’église par son propriétaire. En français, on appelle ça un escroc, pas un archevêque. Petit rappel de doctrine : être évêque, aux yeux d’un catholique, c’est s’inscrire dans la succession apostolique de l’apôtre Pierre, jamais dans celle d’Al Capone.
Tout temple a ses marchands
Nous savons, depuis le Christ, que tout temple a ses marchands. Ils étendent leur domaine jusqu’à faire passer leurs propres étals pour le saint des saints. Ils vont jusqu’à demander à César de leur faire un peu plus de place. C’est ce qui s’est passé aujourd’hui à Paris. Le seul responsable de cette affaire s’appelle « l’association des chapelles catholiques et apostoliques ». Une association dont le seul nom est un crachat au visage de la sainte Eglise catholique, apostolique et romaine.

J’espère sincèrement que l’archevêque de Paris (le vrai) saura trouver les voies et les moyens pour « reloger » rapidement l’abbé de Tanoüarn. J’espère aussi qu’on cessera de confondre ces clowns « gallicans » qui s’octroient des titres et des mitres, sans jamais avoir été touchés par la grâce de l’Esprit.